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 are you drugged ? (abby)

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Matthew-J. Caulfield
ADMIN ∞ fire and ice
Matthew-J. Caulfield

☆ INSCRIT DEPUIS : 13/10/2015 ☆ MESSAGES : 495 ☆ IDENTITES : willou le bg, lena la bonnasse, c la chaudasse
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MessageSujet: are you drugged ? (abby)   are you drugged ? (abby) EmptyDim 20 Mar - 19:05

Are you drugged ?
abby & matthew


Les portes de l’ascenseur s’ouvrent après le ding classique de ces engins. Au fond de la cabine, le dos contre la paroi et les mains enfoncées dans les poches de sa longue blouse, Matthew observe les uns quitter l’ascenseur et les autres, au contraire, venir le rejoindre. On lui adresse quelques sourires auxquels il répond par un léger signe de tête poli. Il ne veut pas se perdre en conversation futiles avec ses collègues, il ne veut pas avoir à desserrer les lèvres tant qu’il n’aura pas trouvé le chirurgien s’étant occupé de son patient de la veille. L’opération a duré plusieurs heures, il le sait, mais c’est tout ce qu’il a pu récolter comme informations. Le patient a-t-il survécut ? Comment s’est déroulé l’opération ? Où est passé le dossier médical ? Un mystère peu digne des grands détectives et qui, de surcroît, l’obligent à monter au cinquième pour espérer trouver la moindre réponse. Il relève la tête et pose les yeux sur les chiffres digitales qui indiquent les étages. Troisième, quatrième. Comme à bord d’un bus, quelques passagers descendent à l’arrêt et, le temps que les portes se referment, l’engin repart plus haut. Cinquième. Enfin. Matthew se faufile jusqu’aux portes et quitte l’ascenseur le premier, sans prendre la peine de s’arrêter, ni même de jeter un coup d’œil par-dessus son épaule. Il entend les pas de quelques infirmières qui le suivent, le dépassent et s’affairent ailleurs, là où elles sont réclamées, tandis que lui-même se dirige d’un pas certain vers le vestiaire. Mais il n’y a personne. Il ne retient pas, pas plus qu’il ne dissimule, une grimace avant de refermer la porte et d’interpeller une infirmière. Il lui demande où se trouve le Docteur Veronesi mais la réponse lui tire une grimace. Bloc opératoire. Il demande le numéro de la salle et se dirige à pas rapides vers celle-ci afin de jeter un coup d’œil hautain à la vitre. Ça semble mal parti. Il regarde sa montre. Bon. C’est calme en bas et, au besoin, il a son bipper sur lui.

Il pénètre dans la salle d’attente après avoir été volé un gobelet de café au vestiaire des chirurgiens. Ils lui doivent bien ça. Matthew s’avance, ignorant les familles en pleurs et se laisse tomber sur une chaise abandonnée au fond de la pièce. Solitude, douce amie. Il soupire, se frotte la tempe, regarde autour de lui. Il manque un bon roman d’aventure. Quelque chose à la Luis Sepulveda, frais et qui fait voir du pays. Ou même du monde. Visiter l’Amazonie avec Le Vieux qui Lisait des Romans d’Amour, retourner dans les profondeurs de l’Ecosse grâce à l’Incendie de la Maison de Georges Orwell, Matthew ne connaît pas d’autres bonheurs. C’est une façon de voyager sans avoir à quitter son siège. Impatient, le pied tapant à rythme régulier sur le sol, il inspire profondément et se lance dans une étude minutieuse des autres personnes présentes. Le premier doit avoir la quarantaine, sans doute un père ou un mari, tiraillé par une angoisse qui lui contracte l’estomac et qui ne retient qu’à grande peine ses larmes. Le voir suffit à agacer Matthew qui ne s’émeut pas facilement ; son cœur de glace reste de marbre devant cette image déchirante. Il n’y a aucun besoin de faire étalage de ses états d’âme devant du monde, que diable ! Il détourne alors les yeux sur une jeune fille, une jeune adolescente aux allures de fausse rebelle. Elle non plus, n’a rien d’intéressant à première vue. Et puis il note les petits tremblements de ses mains. La distance présente entre elle et l’autre homme est suffisamment significative pour que Matthew sache qu’ils ne font pas parti de la même famille. Ça doit donc être autre chose. Mais quoi ? Elle aussi, elle attend quelqu’un qui est sur le billard ? Il ne le pense pas. Intrigué, il se lève, s’installe sur la chaise à côté d’elle en esquissant un sourire des plus hypocrites. Pupilles dilatées, cornées rougies. Non. Il n’y a pas de doute, quelque chose cloche avec elle. « Mademoiselle ? Vous vous sentez bien ? » Ce n’est pas qu’il souhaite se surcharger de boulot mais puisqu’il n’a rien d’autre à faire si ce n’est attendre, autant s’occuper. « Vous désirez un verre d’eau, ça vous ferait sûrement du bien. Surtout si vous avez la gorge sèche. » Il se penche légèrement pour mieux pouvoir l’observer, note son teint peint, ses paupières qui semblent lourdes et les tâches violacées sous les yeux. Autant de symptômes qui laissent présager un manque évident de quelque chose – sûrement une substance illicite – sans pour autant qu’il n’en soit encore certain.
Abby V. Habbot

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MessageSujet: Re: are you drugged ? (abby)   are you drugged ? (abby) EmptyLun 21 Mar - 15:44

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Avoir quinze ans et cette putain d’impression d’avoir foiré sa vie. Cette même impression que me ronge tous les jours depuis que ma mère est morte. Mais j’ai trouvé un refuge, qui causera certainement ma parte. Ce n’est pas dans les bras de mon père. Non. Lui, je le déteste. C’est sa faute et rien ne pourra changer ça. Ce n’est pas non plus dans les bras dans un homme, même si Ethan est une bouée de sauvetage. Non, j’ai simplement trouvé refuse dans la drogue. Un rail de coke. Puis un autre. Et on plane au-dessus des nuages. Rien ne peut nous atteindre. Rien ni personne. Cette impression de puissance. Comme si je pouvais changer les choses. Comme si je pouvais tout recommencer. Comme si je pouvais empêcher ma mère de mourir ce jour-là. Comme si tout pouvait redevenir comme avant. Mais ce n’est qu’une stupide impression. Le redescente est difficile. Très difficile. Trop difficile. Alors j’en prends un autre en espérant que les effets ne partiront jamais. Triste réalité. Seulement ce jour-là, je n’ai plus de cocaïne. Plus d’héroïne. Plus d’amphétamine ou que sais-je encore ? J’ai beau retourner ma chambre, je ne trouve rien. Sans emplois, je n’ai pas d’argent. J’ai tout dépensé dans la drogue ces derniers temps. Mon père ne voudra pas m’en donner mais qu’importe. S’il faut que je fasse un esclandre dans l’hôpital, je le ferais. Alors je prends ma voiture. Je tremble. J’ai la vision trouble. Je sais que j’aurais dû y aller à pied pour ne pas risquer ma vie. Je sais que c’est dangereux. Et après ? Au pire, j’ai un accident, je meurs et je la rejoins. C’est sans doute pour ça que je décide de griller un feu rouge. Des voitures me klaxonnent mais je m’en moque. Je suis dans mon monde. Finalement, j’arrive à l’hôpital. A mon grand désespoir, je suis saine et sauve. Je sors du véhicule et peine à fermer à clé la voiture. Je m’avance vers l’entrée, j’entre et me dirige directement vers l’ascenseur. Mon père travaille au cinquième étage. Je monte dans l’ascenseur sans faire attention aux personnes qui en sortent et qui râlent parce que je les bouscule. Je m’assois dans le fond de la cage après avoir appuyé sur ce foutu bouton.

L’ascension me paraît longue. Interminable. Il s’arrête à presque tous les étages. Les gens me regardent mais personne n’ose me dire quoi que ce soit. De toute façon si on me parle, je serais capable de faire un meurtre. Le cinquième étage arrive enfin. Je me dirige vers l’accueil du service où l’infirmière me connaît que trop bien. Elle a toujours été gentille avec moi quand je venais voir mon père. Elle l’est toujours. Mais c’est moi qui aie changé. Elle me dit que mon père n’est pas disponible pour l’instant. Elle me demande si je vais bien. Question stupide, j’ai perdu ma mère ! Je ne préfère pas répondre. Je me dirige alors vers la salle d’attente. Soit elle n’a rien vu, soit elle a fait semblant de ne rien voir. Mais qu’importe. Je prends place sur la chaise la plus proche. J’ai des vertiges et je commence à avoir des nausées mais ça va passer. Quand j’aurais de l’argent pour m’en acheter, tout ira mieux. Je me rattache à cette idée. Un homme rentre ensuite mais je ne fais pas attention à lui. Je ferme quelques secondes les yeux, puis les rouvres. Il est à côté de moi. Qu’est-ce qu’il me veut lui encore ? Je ne réponds pas à sa première question. Qu’il me laisse tranquille. Puis il me propose un verre.

« J’ai… besoin de… rien… à part… » répondis-je sur un ton sec. Je stoppe net ma réflexion avant d’en dire trop puis me lève. Me dirigeant vers la sortie de la salle d’attente : « Laisse-moi tranquille… »

Les jambes tremblantes, je me rattrape au cadran de la porte. Je finis ensuite par sortir de cette pièce que je trouve beaucoup trop étouffante. Je fais un pas puis un deuxième le long du mur dans le couloir et finit par m’assoir par terre. Je me recroqueville sur moi-même, ma tête posé sur mes genoux et mes bras les entourant. Je ferme les yeux mais ça continue de tourner. Je dois avoir une sale tête mais qu’importe. J’ai besoin de ma dose. Je veux ma dose.
Matthew-J. Caulfield
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MessageSujet: Re: are you drugged ? (abby)   are you drugged ? (abby) EmptyDim 27 Mar - 18:36

Agressivité. Déni. La réaction de l’adolescente le conforte dans son impression. Il ignore qui elle est, il ignore pourquoi elle se trouve ici, à cet étage, si ce n’est pas pour attendre un proche en train d’être opéré et, dans le fond, il se moque bien de savoir tout ça. Mais elle va mal, il peut le constater et son instinct est de la soigner. Un instinct de médecin, un réflexe devenu quotidien. Il fronce les sourcils ; elle ne termine pas sa phrase. Besoin de quoi ? Visiblement, d’une dose conséquente de quelque chose. Alcool ? Drogue ? Il n’a pas le temps de poser une autre question qu’elle se lève et s’éloigne. Il ne s’offusque pas du tutoiement. C’est habituel chez les adolescents perturbés. Il hésite entre la rappeler ou la laisser partir. Il a conscience qu’il ne pourra rien pour elle si elle ne souhaite pas être aidée ; l’une des failles de son métier. Il ne peut pas l’obliger à rester ici tant qu’il n’y a pas de diagnostic et il ne peut pas la diagnostiquer contre son gré. Il ouvre la bouche, pousse un soupir et s’enfonce un peu davantage sur la chaise inconfortable. Vu son état, il ne faudra pas longtemps avant qu’elle ne revienne à l’hôpital, probablement inconsciente, et qu’il puisse s’occuper de son cas. Matthew la suit des yeux et s’apprête à détourner le regard quand elle vacille puis s’assoit au sol. L’urgentiste se lève aussitôt et se précipite vers la jeune fille. L’autre personne présente dans la salle d’attente fait mine de vouloir le suivre, sans doute pour lui filer un coup d’œil mais Matthew l’arrête d’un geste. Il peut se débrouiller tout seul et l’adolescente en manque a besoin de respirer avant tout. Il s’accroupit à ses côtés, attrape sa main sans même lui demander son avis. Son doigt glisse aussitôt au creux du poignet pour toucher le pouls et, un coup d’œil sur sa montre, il compte. Concentré, le visage fermé, il ne cache pas une vague grimace. Son cœur bat trop vite. « Je vais devoir t’examiner. » Au Diable le vouvoiement, ce n’est qu’une gamine, sans doute pas plus vieille que son petit frère.

Il se retourne légèrement, interpelle une infirmière pour lui demander de ramener un verre d’eau fraîche. La jeune femme le regarde, hésite avant de s’exécuter. Insolente. Matthew reporte alors son attention sur la jeune fille et, toujours sans lui demander son avis et sans même s’occuper de savoir si ça lui plaît ou non, il relève sa tête pour inspecter son cou, remonte ses manches pour inspecter ses bras. « Qu’est-ce que tu prends ? » Il n’a pas le temps, pas l’envie, de jouer, alors son ton est sec, impérieux. Au revoir la compassion, voilà le médecin qui est de sortit. Celui qui fait s’arracher les cheveux à l’assistante sociale. D’ailleurs, il va sûrement devoir l’appeler ; une gosse dans un tel état a besoin de voir quelqu’un. Peut-être qu’il y a maltraitance chez elle – bien qu’il ne voit aucun signe de blessure ou d’hématomes quelconque – ou peut-être même qu’elle vit dehors. Non. Il rejette cette idée ; elle est propre et bien habillée. Elle ne peut pas vivre dans la rue, camper sous un pont ou se nourrir de ce qu’elle trouve. Elle est juste addict à quelque chose. « Ecoute, tu es clairement en manque et je ne pourrai pas t’aider si tu ne me dis pas ce que tu prends, d’accord ? Ça n’a pas l’air d’être de l’alcool, c’est sûrement une drogue. Est-ce que tu sais laquelle ? » Comment est-ce qu’une gamine de son âge peut être autant accro ? Comment les parents peuvent-ils l’ignorer à ce point ? Matthew ne comprendra jamais cet attrait pour la drogue pour attirer l’attention. Jouer avec sa santé pour attirer le regard ? C’est trop gamin pour lui.
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MessageSujet: Re: are you drugged ? (abby)   are you drugged ? (abby) EmptyLun 9 Mai - 15:35

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Dans mes idéaux ma vie n’aurait jamais pris une telle tournure. J’en veux à me mère d’être partie. Mais encore plus à mon père. J’en veux à la vie de m’avoir enlevé ma maman. Parce que malgré nos tonnes de dispute, on était soudée. Je savais que je pouvais compter sur elle, quoi qu’il arrive. J’aurais pu faire un meurtre qu’elle m’aurait toujours défendu envers et contre tout. Assise dans ce foutu couloir, je repensais à certains moments qui s’effacent de plus en plus à cause de la drogue. Je suis perdue. Comme bloquée dans une réalité que je n’ai pas désirée. Assise dans ce couloir, j’ai l’impression d’être aux portes de la mort. Si seulement ça pouvait être le cas. Si seulement je pouvais la retrouver. La serrer dans mes bras. Lui dire que je l’aime. Si seulement la vie pouvait me la rendre. Mais avec des « si » on pourrait refaire le monde. Un homme décide de prendre mon pouls. Je ne cherche pas à retirer mon bras. Même avec toute la bonne volonté du monde, je suis dans l’incapacité de réagir. Il veut que je lui dise ce que je prends. Je ne préfère pas répondre. Je ne veux pas qu’il sache quoi que ce soit. Si j’ai décidé d’oublier mes potes pour un monde qui n’est pas la mien, ce n’est certainement pour parler à un homme que je ne connais pas. Il réitère la question. Oui je sais ce que je prends. Est-ce que j’ai envie de te le dire ? Non. Je soupire légèrement et le regarde.

« J’ai pas besoin d’aide… » En réalité si, mais je refuse de l’admettre. Je déteste ce que je suis devenue mais c’est la faute à mon paternel. Je continue de regarder cet homme et lui dit simplement : « J’attends juste que mon père sorte du bloc pour lui demander quelque chose… »

J’ai la tête lourde. J’ai mal à la tête et la lumière me fait mal aux yeux. Je bascule ma tête en arrière, peut-être un peu violemment parce qu’elle cogne contre le mur froid derrière moi. Je voulais juste la poser contre quelque chose de froid. Je ferme les yeux quelques secondes. Enfin pour moi, c’est une poignée de seconde. La drogue me fait perdre la notion du temps. Peut-être qu’ils se passent plusieurs minutes. Je n’en sais rien. Je ne veux pas savoir. J’ouvre difficilement les yeux et le regarde de nouveau. Sur un ton beaucoup plus agressif, je lui balance :

« Laisse-moi, j’t’ai dit ! » Je marque une brève pause. J’ajoute ensuite : « De toute façon, t’as pas le droit de me diagnostiquer sans raison… »

Avoir quinze ans et faire partie des pires junkies des Etats-Unis. Cette impression de vivre en décalé du monde entier. Mais j’en étais au stade, où je n’en avais plus rien à foutre de rien. Le monde pourrait s’écrouler que je serais la plus heureuse au monde. Certains vous diront que se droguer est une preuve de faiblesses. D’autres balanceront que c’est uniquement pour se faire remarquer. Peut-être que c’était un peu des deux dans mon cas : cette impression de ne pas être assez forte pour survivre face à la mort de ma mère et montrer au monde entier que je souffrais. Je repose de nouveau ma tête contre le mur froid et ferme à nouveau les yeux en espérant que cet homme partira et me laissera tranquille.
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MessageSujet: Re: are you drugged ? (abby)   are you drugged ? (abby) EmptyLun 16 Mai - 20:54

Il y a la fatigue au fond de ses yeux verts, il y a son teint vitreux et sa voix cadavérique. Autant d’indices qui hurlent à l’urgentiste le contraire de ce que la jeune fille s’évertue à répéter. Elle a besoin d’aide. Et elle en a besoin maintenant tout autant qu’elle en avait besoin il y a des heures, voire même des jours, quand elle a eu sa dernière dose. Tout comme elle en avait besoin quand elle a commencé à prendre cette merde. Matthew déteste les adolescents drogués. Il n’y a rien de pire que ces petits cons prétentieux et rebelles, mais il conserve son calme et sa réplique acerbe pour lui et, à la place, il tente de prendre soin de cette gosse larguée. Elle est encore consciente, ce qui est un bon signe. Elle est encore capable de l’entendre – le regard qu’elle lui lance le confirme. Un autre bon signe. Malgré lui, un sourire vient étirer ses lèvres. Elle s’entête à nier, un comportement typique de toutes les personnes dans son cas. « Oui, personne n’a jamais besoin d’aide. » Il se montre sarcastique, comme il a l’habitude de l’être. Comme il aime, l’être. Elle mentionne son père, un bloc qu’il suppose être opératoire. La requête, il n’a pas besoin de poser la question pour comprendre de quoi il s’agit – c’est à peine s’il a besoin de la regarder. « De l’argent pour que t’ailles acheter ta dose ? Vu ton état, il se doutera de quelque chose. Et même si ce n’était pas le cas, je l’empêcherai de faire ça. » Maintenant qu’il sait que le père de la jeune demoiselle travaille pour le Masters et Johnson et est, vraisemblablement, un chirurgien, Matthew tente de se remémorer qui, parmi les quelques chirurgiens qu’il connaît, a une fille de cet âge-là. Mais aucun nom ne lui vient à l’esprit alors il préfère abandonner. Ledit père finira bien par quitter son bloc.

Elle pose la tête contre le mur et il lui lâche finalement le poignet. Mais il ne bouge pas. Il n’a pas l’intention de partir même si, pour cela, il doit établir un campement. Elle se fait agressive, essaie d’invoquer le droit ou le non-droit du bon médecin. « Oh mais j’ai des raisons de te diagnostiquer. Je suspecte une prochaine crise de manque, probablement de l’héroïne, peut-être de la méthamphétamine même si, si c’était le cas, tu serais bien plus maigre que ça. » Il fronce les sourcils, hésite, continue sur sa lancée. « Et si tu daignes enfin me répondre, je peux faire en sorte que ta sensation de faiblesse, tes maux de tête et tes probables nausées disparaissent. » Le marchandage avec les drogués, une solution qui, généralement, fait mouche. La plupart des addict oublient que leurs drogues sont avant tout des médicaments – cette gosse ne doit pas se souvenir qu’une injection de morphine la fera se sentir mieux. Une injection bien dosée par un spécialiste. Il attend, mais reprend avant même qu’elle n’ait le temps de répondre. « Je ne dirai rien à ton père. Ni de ta visite, ni de tes problèmes de drogue. Mais pour ça, je veux que tu me laisses t’examiner pour que je puisse contrôler ta consommation et que tu ne fasses pas d’overdose. » Il y a de l’épuisement sur ses traits, une fatigue qui l’alarme presque. C’est une gamine mais elle donne l’impression d’avoir traversé le Sahara sans eau, ni oxygène.
Abby V. Habbot

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MessageSujet: Re: are you drugged ? (abby)   are you drugged ? (abby) EmptyJeu 20 Oct - 12:59

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J’étais en manque. Je n’avais plus d’argent pour acheter cette foutue dose dont j’avais besoin. Je voulais me sentir bien. Planer. Oublier. Je voulais prendre cette dose de trop qui me ferait partir de ce monde infâme. Je voulais tester mes limites et les dépasser. Personne ne pouvait comprendre ce que je ressentais. Personne n’était capable de voir à quel point j’allais mal. Personne n’était à ma place. Certains diront que je suis paumée. Enfermée dans une vie qui n’était pas la mienne. Néanmoins, aujourd’hui, j’étais venue simplement chercher quelques billets auprès de mon père. Voyait-il que je me droguais ? Peut-être ou peut-être pas. Il s’avait que je lui en voulais. Il n’y avait aucun dialogue entre lui et moi. Il n’y en avait plus du moins. Il essayait de me parler mais je le renvoyais toujours dans ces vingt-deux. C’était plus simple d’en vouloir à quelqu’un. Plus simple de s’en prendre à quelqu’un qui n’en avait pas plus demander que la moyenne. J’avais l’impression de pouvoir extérioriser ce mal être. J’entendis le ton sarcastique du médecin. Il croyait vraiment que c’était le moment de faire de l’humour ? Ou était-il simplement con ? Sûrement les deux. Tous les adultes étaient cons de toute façon. Je l’entendais encore et encore parler. Il ne pouvait pas se taire à la fin ? D’un ton qui se voulait de plus en plus aggressif, je lui balançais :

« Mais il en a rien à foutre mon père de moi. Il me donnera du fric parce que de toute façon, il ne veut pas d’une énième dispute et encore moins sur son lieu de travail. T’es qui pour juger ? »

La tête posée contre le mur blanc, j’essayais de me concentrer pour ne pas tomber dans les vapes. Ma vue se brouillait petit à petit. La mort m’effrayait. Dans le fond, j’avais toujours plus ou moins atteint la limite sans jamais la franchir. Je voulais mourir. Faire une overdose. Je voulais rejoindre ma mère. Mais pour une raison que j’ignorais, j’arrêtais la drogue juste avant de basculer du côté obscur. Mais je finirais par le faire. Tout simplement parce qu’il n’y avait plus rien que me rattachait à la vie, maintenant. Plus rien, ni personne. J’étais seule face au monde entier. J’avais perdu mes amis un à un, même les plus proches. Mais c’est moi qui avait fait ce choix. Je voulais faire en sorte que personne ne soit triste, le jour où je partirais de ce monde. Dans le fond, ça partait d’une bonne intention, non ? Il me dit ensuite qu’il pouvait atténuer ma sensation de manque. Si seulement il pouvait me donner une dose d’héroïne. Si seulement, il pouvait endormir mon mal-être. La tête toujours posée contre le mur glacial, je n’avais plus la force de répondre. Je voulais m’endormir. Ne jamais me réveiller. Pouvait-on m’en vouloir ? Absolument pas… Sur un ton plus calme mais qui puait le désespoir, je préférais lui répondre :

« J’attends plus rien de la vie. Je n’attends plus rien de personne. Il le sait que je me drogue. Il ne fait rien. Et dans le fond, c’est mieux comme ça. Je ne veux pas être diagnostiquer. Je ne veux pas qu’on me réduise ma consommation. Je veux juste qu’on me laisse crever dans mon coin. » Je marquais une brève pause et ouvrit de nouveau les yeux pour le regarder : « Alors maintenant, laisse-moi l’attendre. Laisse-moi lui donner de l’argent. Laisse-moi prendre une dernière dose. Tu ne me verras plus jamais ici. »

Je refermais les yeux. J’avais mal à la tête. J’avais l’impression que le son était amplifié. Entre le conscient et l’inconscient. Il finirait bien par sortir du bloc un jour ou l’autre. J’espère simplement que ce médecin lâche l’affaire. Qu’il me laisse tranquille une bonne fois pour toute. Il ne me devait rien, après tout.
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