Expérience : nom dont les hommes baptisent leurs erreurs. ¤ Denys

On ne vit pas tous dans une famille stable, avec l'amour qui scelle la base de la famille. Non, on peut dire qu ça serait trop facile. Que les épreuves sont bien plus existantes, pour contentait cette saloperie de vie. On ne dit qu'on ne choisit pas sa famille, malheureusement plus le temps passe, plus cela se confirme. Si on avait demandé mon avis, je n'étais certainement changé pas de mal de chose. Seulement ça ne se passe pas comme ça, je suis obligé de vivre avec... Et le plus simple serait de ne pas en parler. Moins j'en parle, plus il est facile de passer à autre chose... Mais oui bien sûr tout le monde y croit ! Non du genre obstiné, je voulais savoir d'où je venais. Où mes racines m'amenaient, au fond, j'aurais peut-être dû abstenir. Il n'est jamais bon de savoir la vérité... Et qu'est-ce qu'on me cache encore…

Les rêves révèlent une partie des souvenirs. Le subconscient peut faire beaucoup de choses parfois, une inconscience face à ce que l'on a déjà vécu. J'avais fait plusieurs fois ce rêve, disons ce cauchemar, il se déroulait toujours de la même manière. Depuis l'enfance, des cris, de l'agitation, des coups, la torture en toile de fond. Des pièces toutes plus ou moins sombres. Et ces doux visages qui passaient de la douceur à la douleur, à la supplication. J'ai souvent cru que c'était mon imagination tordue qui me jouait des tours. Parfois, au fil du temps, je me demandais bien sûr, si je ne devenais pas barge. Qui pouvait bien rêver de ce genre de chose à part une personne qui perdait totalement la tête. J'avoue, je me suis posé beaucoup de questions. Jeune, vous pensez que ça vient de votre vie quotidienne, de ces séries qui vous paralysent le cerveau, ou des films. La dernière option, des jeux vidéos beaucoup trop violents. Mais plus on grandit, plus ça prend de l'importance avec cet inconfort qui vous suit. On pense souvent qu'enfant, même en bas âge, on n'est pas capable de se rendre de ce qui se passe autour de nous... C'est faux, on ne comprend pas ce qu'il se passe certes. Mais on reste marqué d'une certaine façon. Et il m'a fallu plusieurs années incalculables pour faire un rapprochement avec mes recherches. Ces rêves étaient une réminiscence d'un passé enfouie. Et pas le plus glorieux. Des choses intenables, peu probables pour des enfants, face à des yeux innocents. Je ne devais pas être vieux, pour préférer associer cela des rêves, et non à des souvenirs. Des instants de ma vie, comme quoi le système du cerveau est parfois étrange. Je ne peux pas vous en raconter plus. Moi-même, je ne sais pas vraiment ce qu'il ne s'est pas passé, à part ces flashs. Une barrière bien mince, qui est plutôt solide pour l'instant. En espérant que ça dure. Parce qu'il serait inconcevable pour moi, de faire vivre cela à autrui... Et autant dire que c'est ma plus grande crainte.

Je ne me souviens de pas grand chose, mais l'orphelinat n'est pas quelque chose qu'on oublie si vous voulez savoir. L'ambiance, la vie était totalement différente d'une vraie famille. Les plus vieux faisant la loi sur les plus jeunes, bien sûr, sinon ce n'était pas drôle. On se retrouvait assez vite le souffre douleur. Passer des heures, enfermer dans un placard, assez étroit pour vous provoquer les pires peurs qui vous suivent jusqu'à l'âge adulte. Des coups discrets qui ne laissaient que des marques, que si on se penchait un peu plus sur la personne. Des endroits cachaient de tout soupçon. Mais dans le fond, quand on n'y pense ce n'est pas si terrible, par rapport d'où on venait. Et je n' étais pas seul comme la plupart des enfants qui se trouvaient là dedans. Enfin une petite partie de ma vie là-bas. Parce que les choses changent. Et qui dit orphelinat... Dis adoption. Du jour au lendemain, c'est seul que je me retrouvais à l’orphelinat. Rentrer à trois et se retrouver seul. On peut dire que je n'avais pas compris tout de suite ce qu'il se passait. Les jours défilaient avec l'espoir, bien sûr comme n'importe quel enfant. Que mon frère et ma sœur, reviennent me chercher. C'est souvent que j'attendais devant le perron, en faisant semblant de jouer, de m'occuper. Pour cacher réellement ce que j'avais derrière la tête. Ils s'occupaient de moi avant alors pourquoi maintenant les choses étaient-ils différents. Pourquoi ils n'allaient pas refaire demi-tour. Mais une idée se faufilait à travers ma petite tête, plus les jours passés. Ils en avaient tout simplement marre de moi. Marre de se supporter le petit dernier. Et puis, le prêtre Sergueï n'était pas si dupe sous cette façade que j'affichais. Ils m'avaient laissé ici, maintenant, je ne pouvais compter que sur moi-même, ils avaient une nouvelle vie, une autre famille certainement meilleure donc je ne faisais plus partie... Et ça s’insinuer en moi, un petit peu plus tenace au fil des années.

Et puis vient le jour de l'adoption, deux ans à vivre là-bas. Je n'avais pas été un modèle de sociabilisation. Préférant largement la solitude, à la compagnie. Donc autant dire que j'avais peu de chance de me faire adopter. Mais garçon calme aux yeux verts attendrissant visiblement, ont toujours fait fureur. Un couple, qui ne pouvait pas avoir d'enfant, et qui n'avait pas d'autre moyen que d'adopter. Ils avaient déjà adopté une petite fille, il y a de ça, deux ans. Pas dans le même pays. Ils avaient tenté de changer. Quitter la Russie pour l'Irlande, rien ne me retenait. Et puis ce n'est pas que comme si j'avais le choix. J'avais beau protester ou pleurer, les papiers étaient faits. Mon départ programmé. Et le changement de climat, de pays, n'était pas aussi dur qu'on pouvait l 'imaginer. J'ai continué l'école, je n'étais pas un génie, ni mauvais non plus. Participant à pas mal d'activités. Pour " canaliser mon énergie", il paraît un peu trop active. Crise d'ado, des conneries comme tout le monde. Des relations amoureuses, plus ou moins courtes. La plus longue, me laissant pas mal de temps sur le carreau, hors-jeu. Que voulez -vous, deux ans c'est dur à oublier. Elle est partie pour un job à l'autre bout du monde, j'avais mes priorités l'école de police. Parfois, ça ne fait pas bon ménage. Et puis je suis devenu flic, un boulot qui m'a toujours passionné. Aider les personnes en difficulté, trouver les coupables... Bref, cela a toujours était passionnant. Mais il y a une fin à tout. Je n'ai pas pu continuer suite à une blessure sur le terrain. Ce n'était plus possible d'aller sur le terrain avec la peur au ventre. Impossible, d'avoir cette vision, cette peur de se retrouver au sol et d'être impuissant. La reconversion s'imposait. Et il était plus facile de le faire, avec cette idée que j'avais en tête depuis un moment.

Détective, me semblait intéressant pour faire des recherches. Des recherches pour retrouver la trace de mon frère et ma sœur. Pourquoi ? Je pense surtout plus par curiosité, par Besoin. Besoin de leur prouver que j'ai su me débrouiller sans eux. Qu'ils m'ont oublié, mais que j'ai réussi à m'en sortir sans eux. C'est bête, mais j'en ai besoin. Rancunier, oh oui ! C'est même sûr ! Toujours est-il que ça m'a emmené ici à Chicago, depuis 9 mois. Pourtant malgré ce besoin, je ne les ai toujours pas vus... Il me manque peut-être du cran, du courage. Voyant le bon côté des choses... En venant ici, j'ai fait de bonnes rencontres. Surtout une...